Serge BLOCH : “Rendre l’Art accessible au plus grand nombre”
Serge Bloch, dessinateur prolifique et mondialement reconnu, continue à multiplier les expériences innovantes et à explorer de nouvelles collaborations. Dans son actualité récente : à Strasbourg, il habille le tramway à l’occasion de « Strasbourg capitale mondiale du livre » et crée une œuvre participative au Musée Tomi Ungerer, à Paris il crée une installation à la Médiathèque Sagan pour les 100 ans de la première bibliothèque jeunesse, et en Allemagne il fait la couverture du prestigieux SZ Magazine… Pour Delamour Gallery, il réalise des collages, des monotypes…et des Blocs !
Échanges dans son studio parisien…
(par Isabelle Fabre Chabrat)
- De l’illustration pour le NY Times aux livres pour enfants en passant par des collaborations avec Hermès, ou les affiches de théâtre, votre travail touche des publics très différents. Est-ce important pour vous ?
Serge Bloch : Bien sûr, j’ai toujours trouvé intéressant de travailler pour les non-initiés , d’ouvrir le monde à l’art plutôt que de le fermer. Pour moi faire des affiches de théâtre c’est mettre de l’art, de la littérature et de la poésie dans la rue. Il faut rendre l’art accessible au plus grand nombre !
- Lorsque vous rencontrez Michèle Mariaud à New York en 2006 et que vous décidez ensemble de monter une première exposition de vos dessins personnels est-ce une nouvelle porte qui s’ouvre, qui vous permet de donner libre cours à une expression plus personnelle ?
Je n’avais jamais fait d’exposition personnelle – je ne m’y étais jamais penché, et je me suis donc posé la question de savoir ce qui se passait quand on accroche ses dessins aux murs, à quoi cela sert, comment les accrocher, avec ou sans cadre etc... Je me suis dit après coup que c’était comme de la poésie, cela reste un discours très ouvert et très libre.
- Justement vos dessins incluent souvent des collages, est-ce une autre dimension ?
Mon travail c’est le trait, je suis dessinateur et je travaille donc avec la ligne, à l’encre principalement, le trait qui trace comme l’écriture, et j’ai toujours bien aimé le contraste avec la photo, le collage. Le collage c’est extraordinaire, une rencontre entre les objets qu’on colle – des choses qu‘on a trouvées des mois ou des années avant et qu’on a accumulées, qui ont des histoires, trouvées sur un quai de métro à New York ou dans une boutique à Barcelone qui vend des étiquettes.. C’est une histoire qui vient rencontrer une autre histoire pour faire naitre quelque chose d’encore différent. Il y a une vraie poésie là-dedans. En ce moment je fais des collages avec des morceaux de texte qui m’amusent et des bouts de gravures que je découpe dans une vieille revue de mode, et c’est incroyable, même en assemblant de manière très aléatoire on peut obtenir une narration amusante.
- Donc vos dessins racontent des histoires ?
Oui ce sont des histoires, c’est une narration libre, j’essaye aussi de faire en sorte qu’il y ait une certaine douceur qui en émane. Quelquefois c’est un peu plus provocateur ou plus humoristique. Mais si vous voulez vivre avec quelque chose – moi qui n’aime pas tellement mettre des choses au mur, c’est intéressant de réfléchir à comment on vit avec .
- Deux maître mots se dégagent : poésie et humour. Ce sont deux valeurs essentielles pour vous ?
L’humour c’est absolument vital parce que cela donne la liberté je pense. Même dans les régimes totalitaires, on utilise beaucoup l’humour parce que c’est une manière de survivre. J’ai fait des expositions sur le rire et cela a été ensuite décliné dans d’autres pays. L’humour cela rend léger les choses lourdes, et lourdes des choses légères.
La poésie je l’utilise ou je l’injecte dans les expositions personnelles, elle me permet de me mettre dans un état de liberté, parce que la poésie c’est un peu écrire au-delà du langage, comme l’Art c’est un peu montrer des images au-delà de la narration, c’est ca qui est intéressant. Pour la galerie ce ne sont que des créations : j’ai pris ces moments comme des laboratoires, pour tester de nouvelles formes, de nouvelles idées.